Etude de texte – Extrait du chapitre 4 (texte bac)
Situation de l’extrait :
Le Huron est en fait le neveu du prieur de Kerkabon et de sa sœur. Le Prieur de Kerkabon souhaite laisser son bénéfice à l’Ingénu, le baptême est donc indispensable. Le prieur a donc fait lire le Nouveau Testament à son neveu pour lui préparer au baptême. Le jour du baptême, le Huron ne se présenta pas à l’église, il est nu dans la rivière.
Projet de lecture :
Votlaire propose ici un récit agréable, plaisant, mais ce plaisir est une dénonciation des pratiques catholiques, de proposer une satire du catholicisme.
I. Un récit plaisant
A. Le comique
1. Le comique de situation
Le Huron trempe depuis une heure dans la rivière. L’obstination du Huron, les efforts entrepris par les autres personnages, puis la chute grâce à mlle de Saint-Yves qui le fait changer d’avis tout de suite.
2. Les pointes égrillardes
L’intérêt marqué par Mlle de Saint-Yves pour la nudité du Huron. Deuxième allusion grillarde, Mlle de Saint-Yves et de kerkabon admirent ses parties génitales.
B. Une scène galante
Dans la deuxième partie de l’extrait, une scène galante, typique du XVIIIè siècle.
1. Une scène galante conventionnelle
a. Le rôle de Mlle de Saint-Yves
Mlle de Saint-Yves a les qualités attendues dans la scène galente « belle » et elle se montre « d’une grâce attendrissante ». Ce rôle féminin se doit aussi de se montrer plein de pudeur, timidité, discrétion « elle rougit », « s’approcha modestement », « elle baissait les yeux » qui traduisent sa pudeur, sa timidité. Le rôle féminin met à l’épreuve son amant, c’est ce que fait Mlle de Saint-Yves à travers sa question « Est-ce que vous ne ferez rien pour moi ? »
b. Le rôle du Huron
Le Huron rempli le rôle qui lui est dévolu des livres chevaleresques, il se montre passionné, entièrement soumis à sa dame, il multiplie les figures d’insistance : hyperbole « tout ce que vous voudrez », anaphore, gradation « baptême d’eau, baptême de feu, baptême de sang ».
En une phrase on a 3 hyperboles, une gradation, ce qui montre la soumission totale du Huron. Le Huron et Mlle de Saint-Yves jouent un rôle conventionnel hérité des romans chevaleresques typiques du XVIIIè siècle.
2. Le triomphe de l’amour
L’extrait met en évidence la puissance extraordinaire des sentiments amoureux de l’amour. Antithèse : « faire en deux paroles » Métaphore militaire filée à travers deux termes « gloire », « triomphe ». Le lecteur est réjoui par le caractère de la scène.
Remarque : L’univers paillade, grillade et l’univers sentimental sont déjà en soit incompatibles à connotation sexuelle du passage (univers grillade). Ces deux univers incompatibles servent à dénoncer.
II. Les connotations implicites
A. L’incohérence fondamentale de l’Eglise catholique
L’anecdote racontée dans le passage du chapitre 4 n’est pas seulement une source de comique de situation , elle a aussi un enjeu essentiel : le Huron insiste beaucoup sur le fait qu’il se fonde sur les textes sacrés du Nouveau Testament pour son baptême. « bien étudié », « l’eunuque de Candace », « montrer dans le livre… rivière ». Les 3 représentants de l’église catholique (le prieur, l’abbé et l’évêque) semblent considérer le livre avec beaucoup de désinvolture, de légèreté. L’excuse qu’ils trouvent à donner au Huron est que « les usages ont changé ». Les textes sacrés qui sont sensés fonder le catholicisme semblent dénués de valeur au sein même des représentants de l’église.
B. Une importance absurde accordée aux rites
Les 3 représentants de l’église semblent accorder plus d’importance aux pratiques, aux rites, aux usages qu’à la foi elle-même. Le lieu du baptême semble plus important car ils préfèrent renoncer au baptême plutôt que d’accepter que le Huron se fasse baptiser ailleurs quedans l’église.
Mlle de kerkabon, qui est une servante de l’église, lie le fait d’être chrétien et le fait d’être baptisé. Le christianisme se trouve vidé de tout continu spirituel, le respect des rites, les usages sont plus importants.
Le plaisir du récit est à nouveau au service d’une satire catholique.Le chapitre 4 développe une idée qui était déjà présente à 2 reprises dans le 3ème chapitre, la circoncision puis la confession, autour de cela, le Huron se fonde sur le Nouveau Testament et il a comme réponse que les usages sont changés.
La fin du chapitre 4 achève la satire catholique : premièrement, de boire, et de tenir des propos polissons, grillades, il n’y a plus rien de sacré, de spirituel.